Victor Hugo fait partie des écrivains les plus célèbres en France mais également dans le monde. Particulièrement productif, il s’est essayé en tant qu’auteur à de nombreux genres littéraires tels que le roman, la poésie et le théâtre. Pilier du mouvement romantique en France, Victor Hugo s’est démarqué en s’affranchissant des règles académiques. Les règles classiques sont pour lui des contraintes qui briment l’imagination et le développement créatif. Par son art et ses prises de positions politiques, Victor Hugo est devenu un porte-parole national et a atteint une notoriété que l’on connait encore aujourd’hui.
La poésie de Victor Hugo s’apparente plutôt au lyrisme. Son attachement à la nature se transcrit à travers des textes romantiques parlant du temps qui passe. Pour lui, la poésie permet de révéler les choses invisibles du monde, de rendre visible la beauté souvent imperceptible dans ses détails.
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Découvrons ensemble l’un de ses célèbres poèmes !
Plan de l'article
Naissance du poème « Demain, dès l’aube… »
Le poème « Demain, dès l’aube… » fait partie des poèmes les plus connus de Victor Hugo. C’est dans son recueil de poésies Les contemplations que l’on découvre pour la première fois ce poème, en 1856. Il faut savoir que « Demain, dès l’aube… » n’est pas le titre original du poème. En réalité, il n’a à l’origine pas de titre du tout. Ce nom est en fait l’incipit du texte, c’est-à-dire, les premiers mots que l’on peut lire. Constituant la partie XIV de Pauca meae (quelques vers pour ma fille), on le trouve dans le livre 4 du recueil.
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Nous devons la naissance de ce poème à la mort de la fille de Victor Hugo, Léopoldine. C’est au mois de septembre 1843 que Charles Vacquerie, l’époux de Léopoldine Hugo, part à Caudebec pour un rendez-vous notarial. C’est avec Pierre et Arthur Vacquerie, respectivement son oncle et son cousin, que Charles décide de faire le voyage. Ils décident d’utiliser un canot de course pour s’y rendre. Léopoldine refuse d’abord de faire le déplacement avec eux mais elle part finalement avec les trois hommes à la dernière minute. C’est sur le retour qu’ils furent pris dans un tourbillon de vent qui renversa le canot et les fit tomber à l’eau. Charles Vacquerie était bon nageur mais dans sa tentative échouée de pouvoir ramener son épouse sur la rive, ils sombrèrent tous deux dans les eaux profondes de la rivière.
Profondément marqué par cette tragédie, Victor Hugo sublima sa douleur par l’écriture.
Structure du poème « Demain, dès l’aube… »
La forme
Le poème est constitué de trois strophes, elles-mêmes composées de quatre vers. Les vers sont des alexandrins ternaires, donc de 12 pieds. Les rimes sont croisées (ABAB). Cette forme impose au lecteur un rythme dans sa lecture. La ponctuation et les deux hémistiches finissent de structurer le texte.
Le ton du poème
Le choix des mots est très axé sur la souffrance, la solitude et l’obscurité. Ce champ lexical produit par conséquent une atmosphère remplie de tristesse. Le poète est seul avec son deuil ou rien ne semble faire place à l’espoir. On relève dans le texte des mots comme « soir », « campagne », « nuit » ou encore « forêt ». C’est un lexique qui renvoie à l’isolement et à l’absence de lumière.
Les rimes croisées renforcent le sentiment de tristesse profonde décrite dans tout le poème. Le mot « tombe » au vers 11 va ainsi faire écho au mot « tomber » au vers 9. C’est la chute de Léopoldine qui la conduit à la mort.
Interprétation du poème « Demain, dès l’aube… »
Victor Hugo s’attache d’abord à décrire sa volonté de partir en voyage. Un voyage vers où ? Son départ est annoncé pour « demain », « dès l’aube », « à l’heure où blanchit la campagne ». Il se termine à « l’or du soir qui tombe ». C’est donc sur une journée qu’il s’étend.
Il donne ensuite des éléments descriptifs sur la nature qui l’entoure. D’abord un peu vague, « la campagne » et « la montagne » ne sont pas détaillés et le lecteur voyage dans un décor classique. C’est plus tard que l’auteur s’attarde à donner de plus amples détails qui vont ancrer le récit dans un environnement plus imagé et existant. La phrase « Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur » va nous amener en Normandie, là où s’est réellement déroulée la tragédie. Nous retrouvons également l’élément de l’eau.
La présence des verbes conjugués au futur, montrant la détermination du voyageur, sont multiples. On relève « Je partirai », « J’irai », « Je marcherai », « J’arriverai ». Il se décrit là l’annonce d’un itinéraire décidé et tout tracé. Ces verbes marquent le mouvement, la volonté de partir d’un endroit pour en rejoindre un autre. On peut penser que l’écrivain a la ferme intention de rejoindre sa chère fille.
L’utilisation des pronoms personnels « je » et « tu » indique que Victor Hugo s’adresse en son propre nom à sa fille. Le texte est donc une façon de lui parler, d’exprimer ses émotions. Cela correspond tout à fait au genre lyrique.
« Demain, dès l’aube… » est l’expression d’un amour profond d’un père envers sa fille disparue. Victor Hugo dévoile en toute pudeur le manque qu’il ressent et le vide que représente son absence, le confrontant à une solitude douloureuse. Ce poème raconte le voyage et le rêve qu’il a de la rejoindre.